Année de césure : de plus en plus de jeunes quittent la France dès le bac en poche
Faire
une pause, étudier une langue ou entamer un cursus hors de nos
frontières… tour d’horizon des possibilités.
Le
Monde | 15.01.2017 Par Françoise Marmouyet
« Grâce
à cette expérience, j’ai gagné en maturité, en indépendance,
et j’ai trouvé ma voie ! », s’enthousiasme Hubert
Leroy, 20 ans. Tout de suite après un bac ES obtenu
en 2014, le jeune homme, originaire d’un village du Nord, a
passé onze mois en Inde. « En terminale, je n’avais
pas de vocation particulière, j’ai donc décidé de prendre le
large pour voir autre chose », raconte-t-il. Il
postule alors à un programme d’échange – gratuit –
du Rotary, et est retenu. Durant onze mois, le Nordiste a vécu à
Vapi, dans l’Etat du Gujarat (nord-ouest de l’Inde).
Logé
dans des familles d’accueil, il a suivi des cours de niveau
première, mais a surtout découvert la province et ses habitants, et
développé une passion pour la photographie. Désormais inscrit en
BTS de photographie à Roubaix, il espère repartir en voyage au
plus vite.
« Cette
année de césure, naturelle dans les pays scandinaves ou
anglophones, où il est courant de faire une pause après
le lycée, n’est pas encore tout à fait admise dans notre
culture française. Mais c’est en train de changer et
de plus en plus de jeunes l’envisagent ou sautent le pas »,
estime Martine Vanhamme-Vinck, directrice du CIO (centre
d’information et d’orientation) Mediacom.
Pour
se perfectionner en langues, réfléchir à son orientation,
travailler pendant un an, cela peut constituer une expérience
enrichissante, « à condition de préparer son
année et d’avoir la maturité suffisante », prévient-elle.
Pour
les amateurs, des solutions encadrées existent. Le Service
Volontaire Européen (SVE) permet ainsi aux jeunes de 17 à 30 ans de
s’expatrier tous frais payés dans un pays de l’Union européenne
ou partenaire de l’UE et d’y faire du volontariat. Dans la même
veine, le service civique propose des offres à l’étranger.
« Attention
à ne pas faire de ce départ une fuite : il faut bien garder en
tête qu’à un moment donné il faudra choisir une
voie », insiste pour sa part Graziana Boscato, directrice à
Strasbourg d’Euroguidance, un centre qui conseille les candidats au
départ dans l’UE.
Bonne
nouvelle pour les candidats à l’expatriation : ils ne sont
pas pénalisés pour postuler à des formations sur
Admission post-bac (APB) à leur retour. Depuis quelques années,
sur la plate-forme, les bacheliers de l’année précédente sont
traités de la même manière que ceux qui viennent de passer le
bac, et ont autant de chances d’intégrer la voie choisie.
Autre
catégorie de partants : ceux qui vont suivre un
cursus à l’étranger, parfois pour échapper à la
pression du système français. Adrien Sasportes, 20 ans,
poursuit ainsi une troisième année en maths-physique à la
University College of London (UCL), une prestigieuse université
londonienne. « La prépa ne me disait rien, car je ne
voulais pas m’embarquer dans deux ans de stress, sans assurance
d’obtenir, à la clé, le concours espéré »,
explique-t-il.
Mais
pour cela, le jeune homme a entamé les démarches
pour être sélectionné dès l’année de terminale.
S’inscrire sur UCAS (Universities and Colleges Admissions Service),
l’équivalent anglais d’APB, justifier de son excellent
niveau d’anglais, fournir CV, lettre de motivation et de
recommandation : la démarche est lourde. Il a finalement été
admis en février de son année de terminale, sous réserve d’obtenir
son bac S avec au moins 16,5 de moyenne !
Ce
choix est toutefois loin d’être à la portée de toutes les
bourses : le ticket est de 9000 livres l’année (plus de 10.700
euros), et le coût du logement et de la vie à Londres est
élevé. Les Français peuvent
toutefois essayer de décrocher un « interest
free student loan», un prêt étudiant à taux 0 spécifique,
une démarche courante au Royaume-Uni.
Les
formations délivrant des doubles diplômes d’établissements
français et étrangers, souvent très sélectives, peuvent
constituer une solution intermédiaire, car une fois inscrits dans
ces cursus, les boursiers français peuvent conserver leur aide,
même s’ils démarrent leurs études hors frontières.
Un
double diplôme, c’est la voie qu’a choisie Lauren Levy. Après
un bac ES et un échec au concours d’entrée de Sciences Po Paris,
la Toulousaine a combiné son envie de s’expatrier et son souci
d’entamer un parcours d’excellence en suivant le double diplôme
franco-anglais en droit entre l’université d’Essex (Royaume-Uni)
et Toulouse-I-Capitole.
Source: Le Monde
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